samedi 12 juillet 2014

Faune et flore parisienne

Aujourd'hui, une courte balade sur le thème de la faune et de la flore.

Notre promenade commence au 54 rue Jenner dans le 13ème arrondissement de Paris à la ferme tropicale.

Ici, on trouve plein d'animaux aux noms latins imprononçables. Comme je n'y connais rien, pour moi il s'agit de lézards, que je catégorise quand même en trois familles (je m'excuse auprès des connaisseurs pour étaler ici toute l'étendue de mon ignorance en la matière. Feel free to comment pour rectifier tout ça ;) ) :

- les gros lézards

Photo : Ilsée L.

Lui on peut même l'appeler Super Lézard : il est immense ! Il a 15 ans et il est magnifique.












- les moyens lézards

Photo : Ilsée L.














- les petits lézards.


Photo : Ilsée L.


Photo : Ilsée L.















Photo : Ilsée L.


Ah si et il y a aussi les tortues et les grenouilles (mais là encore quand on regarde le nom sur l'étiquette, il n'y a pas écrit grenouille ou tortue mais encore un nom latin mega classe dont je ne me souviens bien évidemment plus :/)

Photo : Ilsée L.


Photo : Ilsée L.

 Là encore on pourrait sérier en moyenne grenouille et toute-mini-grenouille.

Photo : Ilsée L.

Photo : Ilsée L.



Continuons notre promenade en remontant vers Jussieu et arrêtons nous au jardin des plantes.

C'est un très beau lieu, agréable et assez vaste dans lequel on peut flâner, se reposer, ou se cultiver. On peut y observer des espèces variées de plantes et d'oiseaux.
Plusieurs bâtiments sont ouverts au public et proposent des activités ou des expositions.
En ce moment, la grande galerie de l'évolution (a l'intérieur du jardin des plantes) propose l'exposition nuit, pour découvrir ce qui se passe dans la nature la nuit.

Peu de photos car je m'y attarderai peut être plus longuement dans un prochain article.

Jardin des plantes
Photo : Ilsée L.

Jardin des plantes
Photo : Ilsée L.


Nous terminons cette promenade au marché aux fleurs dans le 4ème arrondissement de Paris.

Marché aux fleurs
Photo : Ilsée L.


Au marché aux fleurs on trouve :

- des fleurs super chères 

Marché aux fleurs
Photo : Ilsée L.
Marché aux fleurs
Photo : Ilsée L.



Marché aux fleurs
Photo : Ilsée L.


Marché aux fleurs
Photo : Ilsée L.


- des statues et bibelots super chers

Marché aux fleurs
Photo : Ilsée L.

Marché aux fleurs
Photo : Ilsée L.
Marché aux fleurs
Photo : Ilsée L.

Marché aux fleurs
Photo : Ilsée L.


Ah et puis bon quand même, parce que la faune, la flore, tout ça c'est bien beau mais QUAND EST CE QU'ON MANGE ?
Alors avant d'aller au marché aux fleurs, en remontant vers Jussieu après le jardin des plantes, on trouve ceci

Le bonbon au palais
19 rue Monge Paris
Photo : Ilsée L.


Bon, je vous vois venir "Oui mais c'est une confiserie, ça ne nourrit pas !"
Tsss tsss tsss je vous ai concocté un petit menu parfait dont vous me direz des nouvelles (testé et approuvé) :
- en entrée : des chocolats (coucougnettes, tétons de la reine Margot : vous avez l'embarras du choix !)
- en plat : des guimauves (une violette, une rose, une verte. Je ne sais pas si c'est meilleur mais c'est joli.)
- en dessert : des sucettes géantes.

Le bonbon au palais
Photo : Ilsée L.


Le bonbon au palais
Photo : Ilsée L.


Bon appétit !

jeudi 10 juillet 2014

Beauté morbide : petite balade parisienne

Après un énième visionnage de 2 soeurs de Kim Jee-woon, l'envie m'est venue de découvrir Paris sous le prisme de l'horreur, de la terreur et du morbide. Oui, j'ai des idées comme ça ...
Mais le Paris morbide, c'est vaste. Il a donc fallu faire quelques choix de lieux (et il me restera encore de quoi faire une autre promenade sur le même thème suite à ma prochaine et inévitable pérégrination cinématographique au pays des films d'horreur).

Je vous emmène aujourd'hui dans une petite promenade frissonnante (mais si ça va être sympa !) et j'en profite pour remercier ici ma charmante cousine qui a bien voulu m'accompagner.

Nous commençons notre promenade avec la colonne Medicis, édifiée en 1574.

Louis Carmontelle : Bachaumont
colonne de Medicis
C'est Catherine de Medicis qui demanda son édification, pour assouvir sa passion de l'astrologie. Du haut de cette colonne de 31 mètres, sur une petite plateforme indiquant les points cardinaux, elle pouvait observer les astres avec l'aide de son astronome : Cosimo (ou Côme) Ruggieri.
Voici ici l'occasion de se remémorer une petite anecdote assez singulière.

Vers 1571, Ruggieri fit une terrible prédiction à Catherine de Medicis : "Vous mourrez près de Saint-Germain".

La reine fit tout pour échapper à ce funeste destin. Elle fuit tout ce qui avait trait à Saint-Germain : elle quitta le Louvre et le palais des Tuileries (dont elle fit interrompre la construction), qui dépendaient de la paroisse de Saint-Germain l'Auxerrois, et s'installa dans le futur hôtel de la Reine (démoli en 1748 et dont la colonne Medicis est le dernier vestige).

Mais toutes ces précautions ne suffiront pas à tromper la mort et à éloigner la prédiction de Ruggieri. 
Le 8 janvier 1589, Catherine de Medicis, malade, reçut l'extrême onction des mains de son confesseur qui, avant le dernier soupir de la reine, lui révèla son nom : Julien de Saint- Germain. 


Nous continuons notre promenade avec la galerie Vivienne (6 rue Vivienne), un vrai petit trésor parisien !

Galerie Vivienne
Photo : Ilsée L.
Mais les mosaïques de sol de Facchina, la rotonde vitrée ornée de déesses et de nymphes, les fenêtres en demi-lunes cachent une autre petite anecdote qui donne toute sa place à cette galerie dans notre balade morbide.


C'est en effet dans cette galerie que se trouvaient les bureaux de Vidocq !
Ce voleur et escroc, habitué à la prison aussi bien qu'à l'évasion (évasions qui lui vaudront un profond respect dans le milieu), deviendra directeur de la Sûreté, un service de police composé d'anciens condamnés pouvant facilement se fondre dans le milieu criminel.

Nous croisons d'ailleurs dans la galerie plusieurs groupes d'enfants menés par un "maître du jeu" tentant de résoudre un "crime" avec l'aide de Vidocq. Sympa comme activité pour les vacances !



Nous nous arrêtons un instant au square Louvois. Peu de temps car celui-ci est hélas en travaux et nous ne pouvons pas nous poser tranquillement en pensant aux charmantes histoires qui s'y sont déroulées.
Ce square occupe aujourd'hui l'emplacement d'un ancien théâtre construit en 1792 et dans lequel fût notamment créée La flûte enchantée de Mozart.
Statues de Jules Klagmann
Photos : Ilsée L.

C'est devant cet opéra du square Louvois que, en 1820, le duc de Berry fut assassiné d'un coup de couteau par Louvel, un ouvrier désireux d'éliminer les Bourbons.
Notons que vingt ans auparavant, Bonaparte avait échappé de justesse à un attentat perpétré alors qu'il se rendait à ce même opéra.
Pour mettre fin à la malédiction de ce lieu, on décida de raser le théâtre en 1830. C'est le square Louvois qui prit donc la place du théâtre maudit.
On pourrait croire que l'histoire se termine ici, mais les twist de notre balade morbide n'ont rien à envier à ceux des meilleurs cinéastes !
Un autre opéra succédera à celui du square louvois, rue Le Peletier cette fois. C'est devant ce nouvel opéra qu'aura lieu l'attentat d'Orsini contre Napoléon III en 1858 !

Nous rejoignons ensuite la rue Etienne Marcel, en faisant un petit détour par la rue Hérold. C'est ici, au numéro 19, que se situe l'hôtel d'où partit Charlotte Corday pour assassiner Marat. 


Arrêtons nous maintenant quelques instants à la tour Jean sans Peur (20 rue Etienne Marcel).

 
Tour Jean sans peur.
Photo Ilsée L.

Le duc Jean de Bourgogne, qui s'attribua lui-même le nom de Jean sans Peur suite à ses faits de guerre contre les Turcs , fit construire cette tour afin de se protéger des éventuelles représailles après l'assassinat, sur ses ordres, de son cousin le duc d'Orléans le 23 novembre 1407 (j'ai toujours pensé que les dîners de famille devaient être très sympa à l'époque).

En plus de cette tour censée le protéger, des passages dérobés, des chambres identiques pour tromper les éventuels assaillants, Jean sans Peur avait une garde personnelle et portait une cotte de maille sous ses beaux vêtements.
Cette tour le protégea très bien. De fait, Jean sans Peur mourut bien assassiné, mais loin de sa tour.






Arme de Jean sans peur : le rabot pour
aplanir les obstacles tels ... son cousin
le duc d'Orléans.
Photo : Ilsée L.

La visite de la tour nous en apprend un peu plus sur cette haine qui nourrissait les deux cousins.
Alors que le Louis d'Orléans introduit dans ses armoiries un bâton pour battre son adversaire, Jeans sans peur riposte en introduisant dans les siennes un rabot, pour aplanir les obstacles tels son cousin.




On monte en haut de la tour en empruntant un escalier à vis qui se termine par une très belle voûte végétale.
Chaque plante y représente un membre de la famille de Bourgogne.
- Pour Philippe le Hardi, le chêne, symbole de puissance et de virilité;
- Pour Jean sans peur, le houblon, plante du nord (Jean sans peur est flamand par sa mère);
- Pour Marguerite de Flandre, l'aubépine à la blancheur virginale.



Voûte végétale de la tour Jean sans peur
Photo : Ilsée L.

Chaque salle de la tour est riche en panneaux explicatifs.
Une grande partie est dédiée au tragique bal des ardents qui contribuera à faire sombrer le roi Charles VI dans la folie.


Je fais ici une petite parenthèse, loin du ton de notre petite balade, car la tour Jean sans peur accueille actuellement une exposition sur l'amour au Moyen Age.

Extrait de l'exposition l'amour au MA
Tour Jean sans peur
Je m'attendais à voir des tableaux servant d'illustration à des analyses mais il s'agit en fait principalement de panneaux explicatifs nous enseignant ce qu'était l'amour, la cour et la sexualité au Moyen Age (pas grand chose à voir donc, mais beaucoup de lecture fort instructive).
C'est très intéressant, parfois très drôle, parfois très irritant (à nos yeux d'observateurs du XXIème siècle).





Nous continuons notre balade en nous rendant à la fontaine des innocents.
Fontaine des innocents
Photo : Ilsée L.

Réalisée en 1548, cette fontaine se tient aujourd'hui à la place de l'ancien cimetière des innocents. Ce cimetière accueillit plus de deux millions de corps.
Mais le 7 mai 1780, un restaurateur, qui se situait à proximité du cimetière, vit les murs de sa cave s'effondrer : les ossements et les cadavres avaient, par leur poids, fait céder la cloison ! 
Suite à cet événement, le cimetière fut fermé. Les ossements furent transférés dans les catacombes de la tombe issoire (ça, ça sera pour ma prochaine balade sur le même thème).



Hôtel de Ville Paris
Photo : Ilsée L.
Nous empruntons ensuite la rue des Lombards pour nous rendre à la place de l'hôtel de ville, anciennement place des grèves.
Ici eurent lieu nombre d'exécutions capitales. L'échafaud était tourné vers la Seine et le condamné pouvait voir avant de mourir le Palais de Justice et Notre Dame. Toute une symbolique...







Nous terminons notre promenade par la fameuse rue d'Arcole.

En 1387, un charmant barbier officiait dans cette rue alors appelée rue Marmousets.
Pont d'Arcole - rue d'Arcole Paris
Or, il arrivait de temps en temps à ce barbier d'étriper certains de ses clients. Au moyen d'une trappe, le corps était envoyé chez son voisin, un charcutier, qui s'employait alors à transformer ces cadavres en délicieux pâtés, pour le plus grand plaisir du voisinage qui les trouvait fort bons.
L'entente entre les deux commerçants fut finalement découverte après qu'un chien, pleurant son maître disparut, eut hurlé à la mort des jours durant devant l'échoppe du barbier.
Les deux commerçants finirent place des grèves ...

Et c'est sur cette joyeuse anecdote que nous terminons notre visite.
Notons que durant notre petite balade, nous avons pu traverser des rues aux nomx très évocateurs :






Nous voulions terminer notre promenade par une petite visite au manoir de Paris, qui m'avait bien plu lorsque je l'avais visité. Des légendes sombres de la vie parisienne y sont mises en scène. Nous n'avons pas eu le temps d'y aller mais ça aurait été parfait pour clôturer la journée.

Demain, nouvelle balade à thème dans Paris. Nous essaierons de faire un peu plus léger ^___^

mardi 8 octobre 2013

En équilibre sur un fil


Rencontre avec Grégory Rusdikian, Coeur de lune photographie.



"Je ne sais pas trop ce qui m'a poussé à faire de la photographie. Du moins je n'ai pas le sentiment d'avoir eu une démarche construite et précise avant de commencer. Ce n'était pas une vocation de départ.
J'ai plutôt le sentiment d'avoir eu un ensemble d'influences visuelles qui m'ont poussé vers cette voie, sans que je ne me rende compte de ce cheminement intérieur."






Grégory Rusdikian est un ami rencontré grâce à la communauté steampunk parisienne. Difficile de ne pas le remarquer, même s'il tente de se dissimuler derrière un énorme appareil photo.
Son travail, accompli sous le nom de Coeur de lune, m'a tout de suite parlé. Des images très douces, situées juste après le réel, juste avant l'onirisme, en parfait équilibre sur cette frontière ténue.
Depuis, son travail a évolué, toujours dans une direction qui a su me parler.





Ses inspirations, il les a tout d'abord trouvées dans la Fantasy, la SF, la bande-dessinée. C'est donc assez naturellement que lorsqu'il a commencé la photographie, il s'est tourné vers les "communautés de personnes passionnées et créatives", comme il les décrit. Il a recherché ses modèles parmi les adeptes de cosplay, de steampunk, de reconstitution historique.


"Les modèles qui acceptent de poser pour moi gravitent dans ces univers là et me donnent la chance de pouvoir témoigner de la présence qu'elles dégagent. Lorsque je propose une séance sur un thème précis, j'agrémente souvent le projet de séance par des photos ou des illustrations qui m'inspirent, pour la lumière, l'ambiance, les postures, la composition. J'échange beaucoup avec les modèles, et chacune apporte sa pièce à l'édifice."





Je me suis tout de suite trouvée très à l'aise avec Grégory. J'aime travailler avec lui parce que j'aime passer du temps avec lui. La séance photo en deviendrait presque un prétexte ... Je ne me dis jamais "aujourd'hui je vais faire une séance photo avec Grégory". Je me dis "je vais passer la journée avec un très bon ami". Et ce sont toujours des journées très agréables, où l'on rit (beaucoup) où l'on mange (très bien car Grégory est aussi un très bon cuisinier) où l'on parle (énormément car c'est une petite piplette sous ses airs timides) et où l'on fait de la photo (un peu quand-même).
Des son côté, Grégory avoue tout de même que "le déroulement de la séance est assez détendu ... sauf pour [lui] !"

"J'appréhende toujours la maladresse. J'essaie de trouver un équilibre entre la direction de la séance où j'essaie de donner beaucoup d'indications, et l'espace de liberté que je pense nécessaire pour la modèle. Le contrôle donne un cadre, une cohérence, mais c'est dans l'espace de liberté que l'on se révèle... Par conséquent j'ai souvent l'impression de marcher sur un fil.
Et c'est avec ma démarche de funambule en quête d'équilibre que je poursuivis mon introspection, toujours surpris de voir à quel point et surtout de quelle façon une personne peut se dévoiler en incarnant un personnage. Je vois des instants de force, de détermination, de fragilité parfois. La photographie devient un révélateur, s’inscrit dans une démarche personnelle et intérieure, tant pour la modèle que pour moi".





Si la photographie définit tellement Grégory, c'est parce qu'elle prend une très grande place dans sa vie. Quand on ne fait pas de séances photo, on parle photos (pas seulement ... mais beaucoup !) ou appareils-photo, ou on part ensemble photographier des parcs, des statues. C'est pour ça que si on me demande ce que fait Grégory, je réponds instinctivement "il est photographe" même si je sais qu'il est juriste par ailleurs.
Grégory dit lui même ne pas être très prolifique "contrairement à d’autres photographes qui font plusieurs séances par mois". Il passe beaucoup de temps à découvrir le travail d'autres photographes, à lire et se documenter sur la photo. Il écrit également.
"Parallèlement à mes séances, je m'intéresse de plus en plus à la photographie instantanée, humaniste, aux tranches de vie..."



Mais ce lien qui me paraît si naturel entre Grégory et la photographie est peut être aussi dû au fait qu'elle influence sa vie de façon plus profonde.
"La photographie m'a fait évoluer dans mon rapport aux autres, je sors petit à petit de ma bulle. Cela peut paraître étrange mais la distance imposée par l'objectif m'a finalement permis d'aller vers une plus grande proximité. On voit les choses différemment à travers un objectif, on fait attention à tous ces petits détails qui paraissent insignifiant : un geste, une expression... Des petites choses en arrière plan, peu (ou pas) visibles dans une séance dirigée, mais particulièrement flagrantes dans la photographie instantanée."




Je vous ai dit plus haut que je voulais vous faire découvrir le travail de Grégory Rusdikian car son oeuvre avait su me parler. Ca ne serait que vous livrer une petite partie de la vérité. Si je voulais vous parler de lui, c'est aussi parce que c'est une personne que j'estime énormément et que j'aime beaucoup pour qui il est, indépendamment de la photo finalement.
Il y a beaucoup de photographes dans le milieu de steampunk et de la reconstitution, mais j'ai choisi de vous présenter le travail d'un ami.
On pourrait croire que la timidité peut être un frein quand on doit aborder des modèles et diriger une séance photo, mais sa timidité est en fait du respect.
On pourrait croire que la gentillesse est superflue dans ce milieu , mais sa gentillesse est ce qui le définit le mieux et ce qui donne envie de travailler avec lui.
Si ce blog est dédié à la beauté, j'ai ici un sujet de choix, car au-delà de la beauté des photos, je vous parle de beauté humaine.




"Je me demande si je ne marcherai pas toujours sur un fil, entre contrôle et liberté. Peut être que la véritable liberté tient en équilibre sur ce fil..."

mercredi 5 juin 2013

Rencontre barbare

C'est avant tout d’une histoire d’amour dont je voudrais vous parler aujourd’hui. Une histoire d’amour avec un pays : la Mongolie.
Mais, comme toute histoire, mon histoire a évolué, a changé, a grandi, s'est enrichie au fil des ans. Quand la musique mongole s'est joint à d'autres cultures, j'ai plongé avec elle dans ces nouveaux univers, j'en ai aimé chaque note, et c'est de ça aussi dont je voudrais vous parler aujourd'hui.

Cette histoire d’amour, comme toutes les histoires d’amour, commence par une belle rencontre, avec Bouzhigma, une jeune fille Mongole arrivée en France depuis un an. C’était en 2009.
Elle m’a fait découvrir son pays,  ses traditions et surtout sa musique. Grâce à elle, j’ai connu le morin khuur, instrument traditionnel mongol aussi appelé vièle à tête de cheval.



Bouzhigma Santaro
Crédit photo : Jean Luc Arru



Je me souviens que la première fois que j’ai entendu le son du morin khuur, je me suis dit que je n’avais jamais rien entendu de plus beau. Je le pense toujours aujourd'hui.



L'année suivante, en 2010, je découvrais « Les violons barbares » au festival des luthiers et maîtres sonneurs de Saint Chartier. Ce groupe bulgaro-franco-mongol se compose de trois musiciens, dont Enkhjargaal Dandarvaachig, un joueur de Morin Khuur.
Je l’ai par la suite revu lors de différents passages en France, notamment avec les violons barbares, mais également au sein de la formation Duplessy and the 3 violins of the world (nous allons y revenir) en 2012 et avec Sedaa, un groupe de musiciens mongols qui reprennent des airs et chants traditionnels mongols, où il était invité lors d'une fête de la musique (en 2011 je crois).





Enkhjargal Dandarvaachig
Crédit photo : Ilsée L.
Lorsque j’ai su qu’il jouait non loin de chez moi ce dimanche 2 juin, j’ai accouru pour le voir. D’autant plus qu’il se produisait au sein de la formation Duplessy and the 3 violins of the world qui m'avait déjà enchantée un an auparavant.


Cette formation musicale est née en 2009, l’année même où je découvrais la musique mongole, et se compose de quatre musiciens.


Mathias Duplessy, à l’origine du projet, a ainsi réuni autour de lui des musiciens venus d’orient, jouant chacun d’un « violon » particulier, instrument traditionnel représentatif de leur pays. 


Ce sont « les trois violons du monde ».






Le Morin Khuur pour le Mongol Enkhjargal Dandarvaachig ;


Crédit photo : Ilsée L.



L’Erhu pour le Chinois Guo Gan ;


Crédit photo : Ilsée L.







Le Sarangi pour l’Indien Sabir Khan.


Crédit photo Ilsée L.


Accompagnés à la guitare et à la voix par Mathias Duplessy

Crédit photo : Ilsée L.


Avant d’en venir au concert même, je voudrais faire une petite (et courte) présentation des différents instruments que vous allez entendre. Pas une présentation technique, mais une présentation poétique.

Sarangi signifie « cent couleurs » ou « cent humeurs ». Cette appellation lui vient du fait qu’il peut reproduire des sons avec des variations infimes. Sa sonorité, très riche comme vous l’entendrez tout à l’heure, se rapproche de la voix humaine.
Vous remarquerez que cet instrument se joue assis en tailleur. Ca me l’a rendu tout de suite très sympathique, avant même d’en avoir entendu une seule note.

Morin Khuur signifie vièle à tête de cheval, tout simplement parce qu’il se termine par une tête de cheval sculptée sur le haut du manche. Cet instrument imite le cheval.
Les deux cordes dont il est composé ont des noms : nariin et büdüün, ce qui signifie littéralement aigüe et grave. On considère qu’il y a une corde féminine, nariin, et une corde masculine, büdüün. Chacune de ces deux cordes est composée de nombreux crins, ce qui donne cette richesse au son. Nariin contient cent cinq crins de la queue d’une jument et  büdüün contient cent trente crins de la queue d’un étalon.
En Mongolie, lorsque la chamelle ne veut pas allaiter son petit, on fait appelle aux joueurs de morin khuur. Ceux-ci jouent de leur instrument, et la chamelle se réconcilie avec son petit et peut l’allaiter. De même, lorsqu’un chameau perd sa mère très tôt et n’est pas sevré, le morin khuur peut aider à faire accepter ce petit par une autre chamelle.

L’Erhu est lui aussi composé de deux cordes (Er signifie deux et rhu signifie barbare, erhu signifiant donc instrument barbare à deux cordes). L’archet est inséré entre elles. Une théorie explique que c’était pour que les musiciens cavaliers chinois puissent tenir les rênes du cheval sans que l’archet ne tombe. Cet instrument est originaire du groupe nomade appelé Xi.
Il est difficile de savoir exactement quand cet instrument est apparu, même s’il est certain qu’il a plus de mille ans.  Malgré son ancienneté, ce n’est que vers 1920 que l’erhu a volé de ses propres ailes et est devenu un instrument à l’existence propre et non plus un instrument d’accompagnement (il accompagne traditionnellement les opéras en Chine).

Je sais que cette petite présentation laisse une plus grande part au morin khuur, mais c’est que je ne connais pas la Bouzhigma indienne ou la Bouzhigma chinoise qui aurait pu me parler plus longuement du Sarangi ou de l’Erhu. Alors que de son morin khuur, Bouzhigma m’en a parlé très longuement, avec beaucoup d’amour et de passion.

Cette petite partie théorique étant terminée, place à la musique !

Le concert commence par une présentation des musiciens. Chacun vient jouer un morceau en solo.
C’est Guo Gan qui commence. Sa musique est d’abord douce, légère puis devient énergique et puissante. On termine sur un feu d’artifice de sons, le public est estomaqué, pour ma part je ne comprends même pas ce que je vois et ce que j’entends, j’en ai littéralement le souffle coupé.
Lors du tonnerre d’applaudissements qui suit, Guo Gan met humblement en avant son Erhu, afin que ce soit lui qui reçoive nos acclamations.

C’est ensuite Enkhjargaal Dandarvaachig qui vient jouer. Sur ce morceau, il nous fait découvrir trois types de chants mongols :

  •          Le chant long ;
  •         Le chant diphonique, technique vocale qui permet de produire plusieurs notes simultanément ;
  •         Le kargyyra , chant très grave, qui utilise les bandes ventriculaires (fausses cordes vocales) se situant en dessous des cordes vocales et qui, vibrant deux fois moins vite que ces dernières, produisent un son une octave en dessous.

(Vous pourrez voir un extrait de ces deux présentations dans la dernière vidéo tout en bas).

Sabir Khan demande à Mathias Duplessy de bien vouloir jouer avec lui. Il monte sur scène, et tient à la main son Sarangi qu’il tient de son père, Ustad Sultan Khan, considéré comme un des plus grands sarangistes.  Avant Sultan Khan déjà, ce Sarangi était dans la famille : il est  légué de père en fils depuis 150 ans.





Une fois les présentations faites, c’est l’heure du mélange. The 3 violins of the world est la première formation qui utilise simultanément ces trois violons d’orient.

Je vous laisse maintenant juger par vous-même de la beauté du mélange à travers ces quelques vidéos. Ceux qui connaissent déjà la formation (je pense notamment aux amis folkeux présents à Saint Chartier où les ayant vus ailleurs en 2012) remarqueront peut-être la présence de nouveaux morceaux. Un deuxième CD semble être en préparation ! 

Marco Polo




Gnossienne n°1 suivie d’un morceau dont je n’ai pas le titre



Et des morceaux dont je n’ai pas retrouvé le titre non plus







Je vous invite à découvrir la page myspace de Duplessy and the 3 violins of the world : http://www.myspace.com/duplessyandthe3violins

Je vous laisse également découvrir un  montage vidéo que Guiguite, une charmante dame rencontrée lors du concert, a mis en ligne.






Et voici leurs prochaines dates, transmises directement par Mathias Duplessy que je remercie :

2013
11 juillet (jeudi) à Gap (05)
12 juillet (vendredi) à Kalsruhe (Allemagne)
13 juillet (samedi) Les Suds, Arles (13)
21 août Huy (Belgique)
23  août Tatihou (Normandie)